Un “coup de tonnerre” dans le paysage politique français
Le lundi 6 octobre 2025, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président de la République, Emmanuel Macron, qui l’a acceptée aussitôt. Ce départ fulgurant intervient quelques heures seulement après l’annonce de son gouvernement — un scénario inédit dans la Ve République.
Lecornu, nommé Premier ministre le 9 septembre 2025, aura donc été à la tête du gouvernement pendant un laps de temps extrêmement court — entre 27 et 28 jours — avant de présenter sa démission. Le chef de l’État explique avoir accepté cette démission dans un communiqué officiel.
Les causes d’un retournement aussi rapide

Plusieurs facteurs se conjuguent pour expliquer cette crise soudaine :
Un gouvernement vivement critiqué dès sa présentation Certains partis, dont Les Républicains (LR), ont dénoncé dès l’annonce du nouveau gouvernement un “non respect de la rupture promise”, regrettant que de nombreux ministres soient des visages déjà connus. Le président de LR, Bruno Retailleau, a exprimé son mécontentement et convoqué un conseil stratégique pour décider de rester ou non dans la majorité gouvernementale. Une majorité parlementaire fragile, voire inexistante Lecornu ambitionnait de ne pas recourir à l’article 49.3 (permettant de faire passer une loi sans vote à l’Assemblée), misant sur la construction d’alliances. Mais les oppositions (gauche, extrême droite) menaçaient déjà de motion de censure. Discordes internes et imprévus de dernière minute Le casting ministériel a entraîné de fortes critiques, certains ministres reprochant à Lecornu de ne pas avoir respecté les engagements de renouvellement. Le parti LR lui-même semblait divisé, ne sachant s’il devait soutenir ou se retirer du gouvernement.
Les conséquences immédiates
Le gouvernement Lecornu est désormais démissionnaire, mais continue d’exercer les fonctions en affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau Premier ministre. Le triangle législatif se retrouve en forte tension : l’opposition réclame une motion de censure, voire une dissolution de l’Assemblée nationale pour ramener de nouvelles élections. Les marchés ont réagi vivement à cette instabilité : le CAC 40 a plongé, les taux d’intérêt sur la dette française ont grimpé, et l’écart entre la France et l’Allemagne s’est creusé. Cette crise prolonge une série de fragilités gouvernementales sous le quinquennat de Macron, où plusieurs Premiers ministres ont paru incapables de tenir dans la durée.
Scénarios à venir : que peut‐on anticiper ?
Nomination rapide d’un nouveau Premier ministre Emmanuel Macron va devoir choisir un successeur — a priori quelqu’un capable de rassembler autour d’un “socle commun” et de négocier avec les partis d’opposition. Dissolution de l’Assemblée nationale Si le nouveau gouvernement est fragilisé dès l’arrivée, Macron pourrait être poussé à dissoudre l’Assemblée pour tenter d’obtenir une majorité plus stable. Coalitions provisoires ou cohabitation de fait Des accords ponctuels entre partis (centre, gauche, droite modérée) pour voter les lois budgétaires pourraient être explorés. Tension renouvelée sur le budget 2026 Le projet budgétaire va être soumis à un contexte extrêmement tendu, avec les oppositions déjà sur les rangs. Le recours au 49.3 reste envisagé, mais politiquement coûteux.
La redaction




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