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« Qui paie les armes quand les peuples manquent de pain ? »

À chaque conflit armé, les mêmes discours reviennent : défense de la sécurité, protection des populations, respect du droit international. Pourtant, derrière ces mots, les chiffres racontent une autre histoire. Celle d’un monde où l’aide de guerre dépasse largement l’aide humanitaire, et où les conflits sont rarement laissés au hasard. Car aucune guerre moderne ne se mène sans parrains.

– Caricature

Deux aides, deux logiques

D’un côté, l’aide humanitaire : nourriture, soins, abris, protection des civils. Elle vise à sauver des vies, à atténuer la souffrance, à maintenir un minimum de dignité humaine dans le chaos.

De l’autre, l’aide de guerre : armes, munitions, renseignements, formation militaire, soutiens budgétaires aux États en conflit. Elle vise à vaincre, dissuader, affaiblir un adversaire ou préserver une zone d’influence.

Les chiffres sont éloquents. À l’échelle mondiale, les grandes puissances dépensent des dizaines de fois plus pour la guerre que pour l’humanitaire. Dans certains conflits récents, l’aide militaire et financière représente plus de 80 % des engagements internationaux, reléguant l’aide humanitaire à une part marginale, souvent sous-financée et insuffisante face aux besoins réels des populations.

Quand la guerre devient un investissement

Ce déséquilibre n’est pas accidentel. Il révèle une vérité dérangeante : la guerre est devenue un outil politique, stratégique et économique. Elle permet de tester des armements, de soutenir des industries nationales, de renforcer des alliances et d’imposer des rapports de force.

Alors que les agences humanitaires peinent à réunir quelques milliards pour éviter famines et épidémies, des centaines de milliards sont mobilisés en un temps record pour soutenir des efforts militaires. La rapidité avec laquelle l’argent est débloqué pour la guerre contraste brutalement avec la lenteur des réponses face aux crises humanitaires.

Qui sont les parrains des guerres ?

Aucune guerre prolongée ne tient sans soutiens extérieurs. Les principaux parrains sont bien identifiés.

D’abord, les grandes puissances militaires. Les États-Unis, la Russie et, de manière plus indirecte, la Chine, jouent un rôle central. Par leurs aides militaires, financières, diplomatiques ou logistiques, elles influencent le cours des conflits sans toujours combattre directement. Elles défendent leurs intérêts stratégiques, leurs zones d’influence et leur vision de l’ordre mondial.

Ensuite, les alliances militaires, notamment l’OTAN, qui agit comme un parrain collectif. Sous couvert de sécurité collective, elle structure des soutiens militaires massifs et pousse ses membres à augmenter durablement leurs budgets de défense, normalisant l’idée d’un monde en tension permanente.

Viennent ensuite les puissances régionales. Iran, Turquie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis et autres acteurs régionaux alimentent des guerres par procuration pour étendre leur influence politique, religieuse ou sécuritaire.

Mais les parrains les plus discrets sont souvent économiques. L’industrie mondiale de l’armement prospère sur les conflits. Les guerres garantissent des contrats, justifient des budgets records et assurent des profits durables. À cela s’ajoutent les intérêts liés aux ressources naturelles pétrole, gaz, minerais stratégiques et au contrôle des routes commerciales.

Enfin, certains conflits sont nourris par des réseaux idéologiques ou religieux, qui financent et radicalisent des acteurs armés, prolongeant des guerres qui auraient pu s’éteindre.

Les oubliés : les civils

Dans cette mécanique bien huilée, les civils restent les grands perdants. Ils bénéficient de l’aide humanitaire, certes, mais trop souvent après que les bombes ont détruit leurs maisons, leurs écoles et leurs hôpitaux.

L’aide humanitaire ne prévient pas la guerre ; elle en panse les plaies, quand elle n’est pas elle-même entravée par l’insécurité ou le manque de financements.

Un choix de société mondiale

Opposer aide humanitaire et aide de guerre, ce n’est pas nier les enjeux de sécurité. C’est poser une question fondamentale : quelles sont les vraies priorités du monde ?

Un monde qui trouve toujours les moyens de financer la guerre, mais peine à financer la paix, le développement et la prévention des crises, fait un choix lourd de conséquences.

Tant que les guerres auront des parrains puissants, influents et économiquement gagnants, l’aide humanitaire restera un palliatif, jamais une solution durable. Et la paix, un objectif proclamé, mais rarement financé à la hauteur des discours.

Wendbenedo


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