La vérité derrière le robot : Les 5 Fléaux du « Made in Africa »
1. Le Syndrome du « Showcase » : Priorité à la subvention, non à l’industrialisation
La culture de l’innovation en Afrique est trop souvent orientée vers l’obtention de fonds et de subventions, plutôt que vers la création d’un produit robuste et industrialisable. De nombreuses start-ups excellent dans l’art de présenter des prototypes brillants lors de sommets, mais échouent lamentablement lorsqu’il s’agit de produire à grande échelle. Le robot humanoïde est le parfait exemple : un concept présenté pour attirer l’œil des bailleurs, mais sans aucune capacité de mise sur le marché ou de qualité vérifiable.
2. L’Absence de Start-ups « Globales » : L’hyper-local tue l’export
Le gros des start-ups africaines se concentre sur la résolution de problèmes locaux spécifiques : transfert d’argent mobile, livraison du dernier kilomètre. Ces solutions sont vitales, mais elles n’ont aucune vocation à l’exportation. Là où une start-up américaine vise d’emblée l’Europe et l’Asie, l’entrepreneur africain est souvent limité par la fragmentation du marché, les douanes et la faiblesse des infrastructures inter-États. Conséquence : les produits locaux restent locaux et ne peuvent s’adapter aux exigences de l’international.
3. Le Déficit de Capital-Risque « Patient »
L’innovation de rupture (celle qui donne des robots qui fonctionnent) exige des années de recherche et développement (R&D) sans garantie de profit. En Afrique, le capital-risque est rare et exige un retour sur investissement trop rapide. Il est plus facile de lever des fonds pour une application de livraison rapide qui devient rentable en 18 mois, que pour un projet d’ingénierie complexe qui pourrait prendre 5 ans. Faute d’investisseurs patients, les projets ambitieux sont soit abandonnés, soit bâclés, donnant naissance à des « poupées vaudous » robotiques.
4. La Carence en Infrastructures et l’Échec des Standards
Le « Made in Africa » ne peut se vendre ailleurs s’il ne répond pas aux normes de qualité, de sécurité et d’environnement (comme les certifications CE ou ISO) exigées par l’Union Européenne, l’Asie ou l’Amérique du Nord. L’absence d’infrastructures de test et de certification crédibles, combinée aux coûts logistiques exorbitants, rend la mise aux normes trop chère ou impossible pour l’entrepreneur moyen.
5. La fuite des talents
Enfin, les meilleurs ingénieurs, les codeurs les plus brillants et les designers les plus créatifs, ceux qui pourraient faire la différence, sont systématiquement aspirés par les entreprises occidentales ou émigrent. Ils fuient les faibles salaires, le manque de moyens en R&D et la bureaucratie, laissant derrière eux des écosystèmes fragiles.
Conclusion : Le Choix entre le Symbole et l’Excellence
L’Afrique est à la croisée des chemins. Elle doit choisir entre le symbole (le robot qui ne fonctionne pas, le coup de pub qui ne mène à rien) et l’excellence (le produit de rupture, industrialisé, fiable).
Si les dirigeants et les investisseurs ne changent pas leur fusil d’épaule, le « Made in Africa » restera un joli slogan sans marché, une curiosité locale, incapable de franchir les frontières du continent. Pour changer cela, il faudra plus qu’un robot. Il faudra une révolution dans la manière de financer, de produire et de penser l’innovation.
#Tiwana24 – Wendbenedo




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