Un jour, le beatmaker Léonnel Béré alias Leo On The Beat a dit :

« Si vous connaissez tant le problème de la musique burkinabè, pourquoi ça n’avance toujours pas ? »
Cette phrase m’est restée.

En surfant sur l’actualité , je suis tombé sur deux pépites : Bassineré de Joodal et Klaxonner de Hakhwa. Deux bijoux qui rappellent le talent énorme mais négligé de tant d’artistes : Eunice Goula, Mac Christ, Alrich, David le Combattant, Blem, Marko, M Pap la légende, Kristifay, Barack la Voix d’or… et j’en passe.

Alors, pourquoi tant de talents, mais si peu de reconnaissance ? Pourquoi des cachets à plusieurs millions pour des étrangers, alors qu’aucun artiste burkinabè n’arrive à toucher 1 million pour une scène chez lui ?
Les structures existent, mais…
On ne peut pas dire que rien n’est fait :
Le Kundé, qui depuis 24 ans tente de crédibiliser nos artistes.
Cocktail, émission culte qui a donné de la visibilité à beaucoup.
Les grands concerts : After Kundé, Ouaga Hip Hop, Kolg Gomé, Festival Tampouy, REMA…
Les émissions TV : La Télé s’amuse, Le Mag 12, L’Apéro.
Mais posons la vraie question : lequel de ces événements aurait pu lancer Dj Domi et Aïcha Tremblé au niveau où ils sont ?
Les acteurs culturels font des efforts, certes, mais le constat est clair : la musique burkinabè s’exprime, mais juste au Burkina… pas ailleurs.
Quelle maison de production locale a un allié international pour imposer un artiste ? Quel artiste est parti et a été récupéré par un major ?
Le problème du public
Et puis, il y a nous, le public.
Quand Joodal cartonne sur TikTok, la première question c’est : « Est-il vraiment burkinabè ? »
Quand Hakhwa sort un clip en mooré, il faut juste voir Nadia Sabeh pour conclure qu’elle est ivoirienne et pas Burkinabé.
Ici, on a l’impression que le public choisit l’artiste en fonction de son style atypique mais préfère écouter des artistes Étrangers.
Comparons aux voisins
Nigeria, Côte d’Ivoire, Cameroun, Ghana, Mali… Tous ont réussi à exporter leur musique. Pourquoi pas nous ?
La musique burkinabè a tout pour séduire le monde, mais il faut repenser nos stratégies.
Mes propositions
👉 Aux artistes :
Osez défier les grands noms du monde. Participez aux grands événements internationaux. Travaillez vos press books, vos shows live. Ne tombez pas dans le piège éphémère de TikTok.
👉 Aux Kundé :
Revoir les conditions du Kundé d’Or : même sans album, certains artistes le méritent. Renforcer l’image de l’événement pour éviter l’impression de favoritisme. Créer un vrai suivi post-Kundé : accompagnement, comités de facilitateurs pour les révélations et espoirs. Décentraliser : organiser dans d’autres villes que Ouaga. Intégrer des catégories régionales et par styles. Monter en gamme : masters classes, experts internationaux, lots plus attractifs.
👉 Aux médias et chroniqueurs :
Réinventer vos programmes, trop souvent obsolètes. Offrir plus que de simples plateaux de passage : créer du contenu qui s’exporte.
Une chose est sûre : si on veut que la musique burkinabè aille loin, il faut arrêter de se contenter du local et se donner les moyens d’imposer nos artistes au monde.




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