
L’annonce du« concert d’hommage » au président ivoirien Alassane Ouattara par l’artiste malien Sidiki Diabaté a provoqué une véritable onde de choc. Non pas parce que l’artiste voulait célébrer un homme d’État, mais parce que ce geste s’inscrit dans une zone sensible : celle où l’art devient instrument de politique.

L’artiste, par définition, incarne la voix des peuples, les émotions, les rêves, parfois même les colères. Lorsqu’il choisit de s’associer à un pouvoir en place, surtout dans un contexte électoral ou polémique, son image change. Il cesse d’être seulement chanteur pour devenir acteur d’un jeu politique où la neutralité n’existe plus.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est aussi le contraste : Sidiki Diabaté, icône au Mali, n’a jamais organisé de grand concert pour rendre hommage à son propre président, Assimi Goïta, à Bamako. Mais c’est à Abidjan qu’il a choisi de franchir le pas, au risque de heurter une opinion ivoirienne déjà fragmentée par les débats autour d’un éventuel quatrième mandat d’ADO.
La question est donc double : les artistes doivent-ils rester en dehors de l’arène politique, au risque de paraître indifférents aux réalités de leurs sociétés ? Ou doivent-ils s’engager, en assumant que chaque geste sera scruté, contesté, applaudi ou rejeté ?
Dans un continent où la musique est un langage universel, l’implication des stars dans la politique est une arme à double tranchant. Elle peut fédérer comme diviser, inspirer comme désillusionner. Sidiki Diabaté vient, à ses dépens, de l’apprendre.




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