
En Côte d’Ivoire, une disparition fait plus de bruit que mille discours. Depuis trois jours, le cyber-activiste Ibrahim Zigui, ivoirien d’origine burkinabè, reste introuvable. Interpellé dans la nuit du 1er au 2 septembre par des hommes armés non identifiés, il s’est comme évaporé dans un silence officiel glaçant. Aucune autorité ne confirme, aucune institution ne dément. Ce vide laisse le champ libre aux rumeurs, aux manipulations et aux instrumentalisations.
Makosso, mégaphone de la confusion

Dans ce chaos, un nom revient : Camille Makosso, autoproclamé « Général de Dieu », désormais plus semeur de trouble que guide spirituel. Ses interventions récentes, parfois teintées de xénophobie à l’égard des Burkinabè, jettent une ombre délétère sur le débat public. Or, réduire l’affaire Zigui à ses origines est non seulement dangereux, mais surtout une diversion. Le cœur du problème n’est pas son identité, mais le droit de tout citoyen quelle que soit son ascendance à s’exprimer sans craindre l’enlèvement ni la disparition.
Fake news, carburant d’une peur collective

Les réseaux sociaux, refuge des voix citoyennes, se transforment en champs de bataille. On y lit tout et son contraire : Zigui torturé à mort par la DST, déclarations inventées du procureur niant toute arrestation, montages grossiers de notes officielles… Le vide laissé par le silence de l’État nourrit cette désinformation. Chaque fausse nouvelle ajoute une couche de panique, et chacun s’en sert selon ses intérêts politiques. L’opposition y voit une preuve de dérive autoritaire, le pouvoir crie à la manipulation, pendant que la vérité se dilue.
Une disparition devenue affaire politique
La tension pré-électorale sert de caisse de résonance. Les adversaires du régime d’Alassane Ouattara s’emparent de l’affaire pour dénoncer une répression des voix dissidentes. Le pouvoir, lui, esquive et entretient l’opacité. Mais au-delà des calculs partisans, c’est la crédibilité même de l’État qui est en jeu. Car si un citoyen peut disparaître sans trace, sans explication, sans communication officielle, alors plus personne n’est véritablement à l’abri.
Une question simple, un devoir urgent
Il reste une question, simple et brûlante : où est Ibrahim Zigui ?
Répondre à cette question n’est pas un luxe politique, c’est un impératif démocratique. Car le silence est plus dangereux que les rumeurs, et les fake news prospèrent toujours sur l’absence de vérité officielle.
L’affaire Zigui n’est pas seulement celle d’un militant, encore moins celle d’un Burkinabè ou d’un partisan. Elle est le miroir d’une Côte d’Ivoire où la parole citoyenne devient suspecte, où l’État se tait quand il devrait rassurer, et où des voix comme celles de Makosso préfèrent jeter de l’huile sur le feu plutôt que d’appeler à la vérité.
La Côte d’Ivoire mérite mieux que des silences complices, des fausses nouvelles et des boucs émissaires. Elle mérite la vérité.




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