
Le gouvernement burkinabè marque aujourd’hui une avancée majeure en lançant un programme inédit : des détenus peuvent réduire leur peine en participant à des activités agricoles ou artisanales. Au-delà de la gestion des dossiers et du désengorgement des prisons, c’est une nouvelle vision de la justice qui s’installe – une justice réparatrice, tournée vers l’avenir.
Des modèles inspirants à l’international
Ghana
La Ghana Prisons Service a mis sur pied une véritable unité agricole moderne. Chaque année, plus de 1 000 acres sont cultivées – maïs, légumes, huile de palme –, avec revenus réinvestis dans un fonds tournant pour nourrir les détenus et financer la réinsertion .
Malawi
Grâce à l’appui de l’ONUDC, trois fermes carcérales conjointes cultivent des centaines d’hectares de maïs, de soja et de patates douces, avec des récoltes dépassant largement les besoins internes. L’excédent alimentaire est redistribué à d’autres établissements pénitentiaires .
Inde (Naini Central Jail)
Une prison transformée en jardin potager : les détenus ont récolté plus de 1 300 quintaux de pommes de terre, épuisant les achats externes. Ils produisent aussi épinards, citrouilles, haricots, et touchent une rémunération digne de leur travail .
Norvège (Halden Prison)
Partenaire exemplaire du modèle humaniste, Halden offre un salaire aux détenus (environ 53 kroner/jour), qui peuvent ainsi épargner, subvenir à leurs proches ou préparer leur sortie dans la dignité .
Brésil (Unité d’Indaial)
Dans l’État de Santa Catarina, jusqu’à 43 % des détenus sont employés via des partenariats publics-privés : ils reçoivent un salaire (au minimum 800 R$), un diplôme, une formation professionnelle et un raccourcissement de peine .
les activités agricoles et artisanales permettent de délester les prisons surpeuplées, tout en valorisant le temps des détenus. Réduction des coûts : les cultures en interne font économiser les budgets alimentaires, comme en Malawi ou au Ghana. Acquisition de savoir-faire : agriculture, élevage, menuiserie, couture… autant de compétences transférables à la sortie. Insertion sociale facilitée : diplôme, salaire, autonomie – les chances de réinsertion augmentent très nettement, comme en Norvège ou au Brésil. Effet vertueux sur la société : sécurité, cohésion, et production locale valorisée, tout en réduisant la récidive.
Le Burkina Faso, au seuil d’une transformation durable
L’initiative burkinabè apparaît comme une mesure à la fois pragmatique et humaine. En s’inspirant des succès de ses pairs, le gouvernement peut penser dès maintenant à :
Développer des formations agricoles et artisanales certifiées ; Instaurer un fonds de réinsertion ou un salaire équitable pour les participants ; Construire des partenariats publics‑privés pour valoriser les produits (ventes, marchés locaux) ; Mettre en place un suivi post‑sortie afin d’accompagner les anciens détenus dans leur insertion professionnelle.

Dans un contexte national où la surpopulation carcérale et le défaut de ressources pèsent lourd, cette réforme représente une véritable avancée citoyenne. À travers la terre, l’effort et le geste créatif, les détenus deviennent acteurs de leur réforme, plutôt que simples objets de sanction. Si l’on veut éviter que la prison ne soit qu’un cycle fermé, ce modèle humaniste et économique mérite d’être encouragé et renforcé.




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