pourquoi l’Afrique serait-elle toujours sommée de s’adapter aux agendas géopolitiques des autres

Alors que les grandes puissances comme la France et la Russie affichent une volonté ponctuelle de coordination stratégique, notamment sur des questions aussi sensibles que le nucléaire iranien ou la paix au Moyen-Orient, une interrogation fondamentale se pose pour le continent africain : pourquoi l’Afrique serait-elle toujours sommée de s’adapter aux agendas géopolitiques des autres ?

Cette question n’est ni rhétorique ni provocatrice. Elle découle d’un constat limpide : l’Afrique a trop longtemps été perçue comme une variable d’ajustement, un terrain d’influence ou un réservoir de ressources dans des stratégies conçues ailleurs. Cette époque doit prendre fin.

Une longue histoire d’asservissement stratégique

Depuis les indépendances formelles des années 1960, l’Afrique a rarement été considérée comme un acteur stratégique à part entière. Les politiques de coopération ont souvent été façonnées dans des capitales occidentales, selon des logiques de contrôle plus que de partenariat. De la “Françafrique” aux bases militaires étrangères, en passant par les programmes économiques dictés par le FMI, les peuples africains n’ont jamais véritablement choisi leurs chemins souverains.

Aujourd’hui encore, alors que le monde est en recomposition, les vieilles puissances se réajustent entre elles : elles se parlent, se coordonnent, négocient leurs zones d’influence… sans jamais vraiment consulter l’Afrique, encore moins intégrer ses priorités dans leurs modèles.

Le tournant du Sahel et l’exigence d’un repositionnement

Mais la situation évolue. Le Burkina Faso, tout comme le Mali et le Niger, a amorcé un virage historique en rompant partiellement ou totalement avec la tutelle française. Ces États refusent désormais que leur sécurité, leur diplomatie ou leur développement soient dictés depuis Paris, Washington ou même Moscou. Ils affirment leur volonté de penser depuis eux-mêmes, pour eux-mêmes, dans un cadre panafricaniste renouvelé.

Ce que ces pays expriment est clair :

L’Afrique ne veut plus être une périphérie, elle veut devenir un centre de décision.

Et si dialogue il doit y avoir avec la France, la Russie ou la Chine ce sera d’égal à égal, sur la base d’un respect mutuel et d’un alignement sur les aspirations populaires africaines.

L’Afrique ne manque pas de vision, ce sont les puissances qui doivent écouter

L’un des mythes persistants est que l’Afrique attend qu’on lui apporte des “solutions”. En réalité, ce sont les puissances dominantes qui refusent d’entendre les solutions africaines : souveraineté énergétique, économie endogène, gouvernance adaptée aux réalités locales, sécurité collective autonome (via l’AES ou d’autres mécanismes), et surtout refus de l’ingérence.

Si Vladimir Poutine et Emmanuel Macron souhaitent sincèrement stabiliser le Moyen-Orient, s’attaquer aux menaces nucléaires et construire un nouvel ordre mondial, ils ne peuvent pas ignorer la voix de l’Afrique. Et cette voix, aujourd’hui, dit ceci :

“Nous ne sommes plus des spectateurs. Nous sommes des participants. Et nous n’entrerons dans aucune stratégie qui ne tient pas compte de nos intérêts fondamentaux.”

Conclusion : Le moment de l’exigence

L’Afrique n’est pas obligée d’attendre que les autres changent pour exister. Elle peut et elle doit imposer ses propres cadres stratégiques, ses propres alliances, ses propres règles. Ce n’est pas à elle de se plier, c’est aux autres de réviser leurs logiques dominatrices et condescendantes.

Dans ce monde en transition, celui qui écoute l’Afrique et la traite avec respect n’en sortira que grandi. Ceux qui persisteront à la marginaliser finiront, tôt ou tard, par perdre leur légitimité sur le continent.


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