Au Burkina Faso, une nation connue sous le nom de la terre des hommes intègres, nous nous trouvons à un moment critique. Bien que je puisse plonger profondément dans l’histoire avant Thomas Sankara, je choisis de me concentrer sur l’ère qui a suivi son leadership, en particulier sous Blaise Compaoré, jusqu’à l’avènement d’Ibrahim Traoré. Cette période reste fraîche dans notre mémoire collective et est bien documentée, fournissant une lentille claire à travers laquelle nous pouvons comprendre notre situation actuelle.L’expression « l’argent n’a pas d’odeur » capture parfaitement la mentalité sociétale qui a pris racine. Elle reflète une dangereuse acceptation de la richesse, quelle que soit son origine, et met en lumière un problème fondamental : le manque d’accent sur le mérite et l’intégrité. Cela a ouvert la voie à la corruption, nous laissant avec des dirigeants qui manquent souvent des qualifications nécessaires et de la boussole morale pour guider le Burkina Faso efficacement.L’attitude omniprésente que « l’argent n’a pas d’odeur » est le reflet d’un comportement sociétal plus large au Burkina Faso. Cette mentalité a permis à la corruption de prospérer et a sapé les principes de la méritocratie. Lorsque des individus acquièrent des richesses par des moyens illégitimes et ne subissent aucun contrôle, cela envoie un message selon lequel l’intégrité et le travail acharné sont dévalorisés.Par exemple, juste après l’ère de Thomas Sankara et sous Blaise Compaoré, de nombreuses personnes sont devenues milliardaires. Les sources de leur richesse étaient souvent enracinées dans la corruption, et cela était bien documenté. Cependant, il n’y avait aucune responsabilité. Lorsque Compaoré a été renversé, rien de significatif n’a été fait pour lutter contre la corruption. Cette impunité a envoyé un message clair : voler au public restera impuni, et il n’y aura aucune restitution à la société. Un tel précédent encourage la corruption et la poursuite incessante du pouvoir.Dans la société actuelle, nous voyons l’ascension de jeunes dirigeants avec peu ou pas de parcours prouvé ou de compréhension du monde. Par exemple, l’ascension de jeunes militaires putschistes, dont les antécédents et les capacités restent largement inconnus, illustre ce problème. Des mensonges et des fabrications ont été utilisés pour embellir leurs profils, mais le public reste conscient de la vérité, et personne ne parle. Dans un tel environnement, que pouvons-nous attendre de ces dirigeants ? Sans responsabilité, leur mandat est susceptible de perpétuer les mêmes cycles de corruption et d’inefficacité.De plus, la responsabilité du progrès démocratique incombe en grande partie à la population urbaine. Des villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Dédougou, Ouahigouya et Fada N’Gourma, bien que n’abritant qu’une minorité de la population, jouent un rôle crucial dans la formation de l’avenir du Burkina Faso. Ces centres urbains sont les fers de lance de la démocratie, et leurs habitants doivent reconnaître leur devoir de protéger les segments les plus faibles de la société. Malheureusement, ce sens de la responsabilité manque souvent.Je tiens la population urbaine pour responsable de ne pas réaliser qu’elle doit exiger des comptes de ceux qui sont au pouvoir. Protéger les vulnérables est dans l’intérêt de tous, car les répercussions de la négligence et de la corruption finissent par affecter toute la nation. Actuellement, le poids du terrorisme est ressenti principalement dans les zones rurales, mais l’élite urbaine doit être proactive dans la gouvernance et le soutien de tout le pays. La véritable citoyenneté va au-delà du simple fait de vivre dans un pays ; elle implique de participer activement à sa gouvernance et de veiller à son bien-être.Pour remédier à la situation actuelle, il est essentiel de réaffirmer les valeurs d’honnêteté et d’intégrité pour lesquelles le Burkina Faso est réputé. Les Burkinabè appellent fièrement leur pays la terre des hommes intègres, mais l’honnêteté fait cruellement défaut dans cette société. Les Burkinabè doivent cesser de pointer du doigt des facteurs externes et assumer la responsabilité de ce qui se passe dans leur pays.Le véritable progrès commence par l’autoréflexion et la responsabilité. Chaque citoyen, du plus haut fonctionnaire au travailleur quotidien, doit incarner les principes d’honnêteté et d’intégrité. Cela signifie reconnaître nos insuffisances et travailler avec diligence pour les corriger. Cela signifie également tenir ceux qui sont au pouvoir responsables de leurs actions et veiller à ce que la corruption ne soit tolérée à aucun niveau.Les Burkinabè doivent cultiver une culture où le mérite est célébré et l’intégrité est récompensée. Cela implique de créer des systèmes transparents qui scrutent les sources de richesse et veiller à ce que ceux qui accumulent des richesses illégitimement soient tenus responsables. Ce n’est qu’en faisant cela qu’ils pourront commencer à démanteler les structures de corruption et à bâtir une société qui valorise vraiment l’intégrité.De plus, la population urbaine, en tant que fer de lance de la démocratie, doit montrer l’exemple. Elle a un rôle crucial à jouer dans la formation de l’avenir de la nation en exigeant des comptes et en protégeant les vulnérables. En faisant cela, elle fixe un standard que tout le pays doit suivre.En conclusion, le chemin vers un meilleur Burkina Faso réside dans l’adoption de l’identité en tant que terre des hommes intègres. Réaffirmer les valeurs d’honnêteté et d’intégrité, se tenir soi-même et ses dirigeants responsables, et veiller à ce que le mérite et le travail acharné soient reconnus et récompensés. Ce n’est qu’alors que vous pourrez espérer construire une société qui reflète le véritable esprit du Burkina Faso. Comme le dit un adage récent qui circule parmi les jeunes au Burkina Faso : « Je ne crains pas quelqu’un de 30 ans, mais quelqu’un qui possède 30 millions. » Cela peut paraître drôle, mais ils devraient plutôt dire : « Je ne crains pas quelqu’un de 30 ans, mais je crains quelqu’un qui a bien gagné ses 30 millions. » Cela reflète parfaitement l’importance de la méritocratie et de l’honnêteté dans la société.
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